De l'Adversité à la Confiance: Le Parcours Inédit de la Côte d'Ivoire à la Coupe d'Afrique 2024

Honorée d'une qualification inespérée en huitièmes de finale de la CAN, la Côte d'Ivoire a su surmonter des obstacles considérables depuis le début de la phase à élimination directe, s'affirmant ainsi comme une authentique miraculée de cette Coupe d'Afrique 2024. Malgré leurs débuts instables, les Ivoiriens abordent avec détermination leur demi-finale contre le Congo, affirmant ne plus craindre aucun adversaire. Bien que les paroles de cette chanson ne soient pas entièrement connues, son refrain résonne clairement : celui d'une équipe qui entame une compétition internationale de manière laborieuse pour la conclure en apothéose. Ce phénomène, bien que rare, demeure marquant à chaque occurrence. On se remémore l'exemple de l'Italie lors de la Coupe du Monde 1982, ne récoltant que trois points en phase de groupes mais se qualifiant grâce à un goal-average favorable face au Cameroun. Ou encore le Portugal à l'Euro 2016, également qualifié in extremis après trois matchs nuls, bénéficiant du format de la compétition qui préservait les meilleurs troisièmes.


La Côte d'Ivoire est encore loin d'inscrire une troisième victoire à son palmarès en CAN. Toutefois, en s'appuyant sur les scénarios évoqués précédemment, le pays hôte de la Coupe d'Afrique des Nations a franchi la première étape : se relever de situations désespérées. Initialement sous la direction de Jean-Louis Gasset, limogé à l'issue de la phase de groupes, l'équipe ivoirienne avait pourtant débuté de manière prometteuse en battant la Guinée-Bissau (2-0). Cependant, elle s'était par la suite effondrée inexplicablement contre le Nigeria (0-1) et surtout la Guinée Equatoriale (4-0).


Depuis le début de la phase à élimination directe, sous la direction d'Emerse Faé, les Ivoiriens ont passé davantage de temps à être virtuellement éliminés qu'à être virtuellement qualifiés. En huitièmes de finale, les coéquipiers de Seko Fofana ont été menés pendant 82 minutes avant de forcer la prolongation et finalement de l'emporter aux tirs au but. En quarts de finale, malgré un joueur expulsé, ils ont une fois de plus égalisé dans le temps additionnel (90e), avant de décrocher leur qualification lors de la dernière attaque des prolongations (120e+2).


De véritables "rescapés", selon les mots d'Emerse Faé. Après les moments de désespoir et les critiques, le discours a changé aussi brusquement que l'état d'esprit. La transformation est frappante : la Côte d'Ivoire affirme désormais ne plus craindre aucune épreuve, comme l'a affirmé Seko Fofana à l'AFP avant d'affronter le Congo en demi-finale (21h). "Cela a commencé en Guinée Équatoriale", a détaillé l'ancien milieu de terrain du RC Lens. "Nous étions au plus bas. Nous avons dû attendre plusieurs matchs pour espérer une qualification, ce qui s'est réalisé. Nous nous sommes sentis seuls, mais nous avons réussi à nous rétablir. Les champions parviennent à passer à autre chose". Des champions tels que Max-Alain Gradel et Serge Aurier, les seuls survivants du dernier titre en 2015, qui ont été intégrés avec succès dans le onze de départ, tout comme Jean-Michaël Seri.


"Je pense que mentalement, lorsque vous avez été ressuscités comme nous l'avons été, rien ne vous fait plus peur, nous fonçons, nous y allons", a également déclaré l'ancien arrière droit du PSG à l'AFP. En plus d'être galvanisée par son public, l'équipe ivoirienne est animée par une foi apparemment inébranlable et une confiance retrouvée. Mais faut-il craindre un excès de confiance ? Il sera crucial de déterminer dans quelle mesure cette crainte n'a pas justement été le moteur de ce groupe, qui a constamment puisé au plus profond de ses ressources, que ce soit après avoir encaissé un but dès le début contre le Sénégal, ou après une exclusion précoce contre le Mali. Il est également essentiel de ne pas oublier que la RD Congo a également traversé un chemin sinueux jusqu'ici, avec trois matchs nuls en phase de groupes, une qualification aux tirs au but en huitièmes de finale, puis enfin une première victoire dans la compétition en quarts de finale, après avoir été menée contre la Guinée (3-1).


Les Ivoiriens ne sont pas les seuls à poursuivre un objectif, et la solidité du parcours ne garantira pas la victoire pour tous mercredi. L'Italie en 1982 avait Paolo Rossi et ses 6 buts, tandis que le Portugal en 2016 avançait davantage dans l'ombre. Pour la Côte d'Ivoire, la vérité se situe probablement quelque part entre les deux. Elle ne dispose ni d'un buteur aussi prolifique, ni du luxe de passer inaperçue. Mais elle peut compter sur Franck Kessié, Seko Fofana, des joueurs expérimentés de retour en forme, ainsi que sur des héros improbables comme Simon Adingra. Et elle n'a plus peur.