Entretien exclusif avec Roberto Vecchioni : Réflexions profondes sur la vie, la musique et la transmission des valeurs


Roberto Vecchioni, éminent représentant de l'art musical italien, partage ses pensées profondes et intimes au sein d'une entrevue exclusive accordée à Vanity Fair.


Au cours de cet échange, le compositeur et interprète évoque avec émotion divers moments de sa vie, ainsi que ses réflexions sur des thèmes tels que le vieillissement, la musique et la famille, esquissant ainsi un portrait intime de lui-même et de sa perception du monde.


Lors de son intervention à l'émission "In altre parole", animée par Massimo Gramellini, Vecchioni a laissé échapper des larmes sincères, touché par la solidarité manifestée par les étudiants envers la Palestine, cruellement réprimés à Pise. "Déchirer est une action que je connais bien, une expérience qui m'a souvent affecté, tant pour le meilleur que pour le pire, que ce soit en écoutant une chanson de Guccini ou de André. En cette occasion, mon émotion a été suscitée par la réflexion sur l'injustice d'un monde façonné par les hommes", confesse Vecchioni, méditant sur la capacité des émotions à transcender les événements personnels et à toucher les cordes sensibles de l'humanité partagée.


La disparition de son fils Arrigo, atteint de bipolarité, en avril dernier, ainsi que l'atteinte de ses 80 ans en juin ont profondément marqué la vie de l'artiste qui, malgré les épreuves, a persévéré dans son expression à travers la musique et l'écriture. Participant récemment au Festival de Sanremo aux côtés du jeune Alfa, et ayant publié son dernier ouvrage, "Entre silence et tonnerre" (Einaudi), Vecchioni entrelace les lettres d'un jeune garçon à son grand-père avec celles de ce dernier à des personnages historiques, offrant ainsi une vision intime de son existence et de ses réflexions. "Je suis à la fois ce jeune garçon qui relate sa vie et en partie ce grand-père", affirme-t-il, proposant une interprétation personnelle de son œuvre la plus récente.


Le dialogue entre les générations constitue un thème cher à Vecchioni, reflété également dans sa collaboration avec Alfa à Sanremo. "Le père d'Andrea (De Filippi, alias Alfa) était un pianiste de piano-bar qui interprétait souvent mes chansons. Son désir de faire un duo avec moi m'a touché et j'ai accepté avec plaisir : "Sogna, ragazzo, sogna" était la chanson parfaite pour tisser des liens intergénérationnels, dans une transmission de valeurs. J'ai apprécié la figure de ce jeune homme, loin des turbulences de certains artistes rap ou indie, ancien mais au langage moderne. Et les rêves n'ont pas d'âge", explique Vecchioni, soulignant l'importance de passer le flambeau entre les générations.


Père de quatre petites-filles, Vecchioni se définit comme un grand-père présent et affectueux, mettant en avant l'intelligence et la curiosité des plus jeunes, passionnés par les mythes grecs grâce aux récits de leur aïeul. "Je leur demande : vous comporteriez-vous comme Hector ou Andromaque ? Comme Prométhée ou comme Zeus ?", dit-il, utilisant la mythologie comme vecteur des enseignements de la vie contemporaine.


À 80 ans, Vecchioni aborde l'avenir avec enthousiasme et gratitude pour chaque nouveau jour. "Chaque jour supplémentaire vaut non pas un, mais vingt jours de vie, dans le sens de l'esprit et non du temps", déclare-t-il, soulignant que l'âge n'est pas un obstacle à la jouissance de la vie et à la création de nouveaux souvenirs.


La relation avec la foi et la spiritualité occupe une place fondamentale dans la vie de l'artiste, qui voit en Dieu une présence qui explique l'amour et la force de l'esprit, même dans les moments les plus difficiles, tels que la maladie et la perte de son fils Arrigo. "La foi m'a fait comprendre que, parmi toutes les fins possibles, celle-là était la moins épuisante, la plus réalisable".