Le président salvadorien, Nayib Bukele, accompagné de son épouse Gabriela Rodriguez, s'adresse à ses partisans depuis le balcon du palais présidentiel à San Salvador, au Salvador, après la clôture des bureaux de vote pour les élections générales du dimanche 4 février 2024. AP - Moises Castillo
Par : Achim Lippold
La Prensa Grafica rappelle qu’il y a un an, le Salvador a été décrit dans The Economist comme un régime hybride, c’est-à-dire un régime où coexistent des institutions démocratiques et des pratiques autoritaires. Quelques mois plus tard, poursuit le journal, l’Institut de recherches sur l’état de la démocratie dans le monde, le V-Dem, qualifiait le Salvador d’« autocratie électorale ».
Hier, d’après la Prensa Graphica, « l’étape manquante a été franchie pour que le Salvador passe du statut de régime hybride à celui d’autocratie. Avec la réélection présidentielle, la pierre angulaire de la constitution salvadorienne a été démolie : le principe de l’alternance à la présidence ». D’après le quotidien, « ce qui se passera dans les prochaines années peut être observé dans d’autres pays de la région qui ont pris le même chemin que les Salvadoriens, par action ou par omission, ont décidé de suivre. L’exemple le plus proche est celui du Nicaragua ».
Le culte de la personnalité
Selon l’éditorialiste du journal El Salvador, « La nouvelle République », comme il la surnomme, « a un nom et un prénom, ce n’est pas une institution, c’est un sujet, une personne, qui gère les systèmes numériques de communication et de propagande. L’État, c’est lui, point final. Soit on applaudit, soit on disparaît », écrit El Salvador. C’est effectivement la communication qui est au cœur de la gestion de Nayib Bukele, estime Folha de Sao Paulo. Le journal brésilien rappelle que le gouvernement salvadorien a fondé un quotidien qui vante ses propres réalisations et, sur les réseaux sociaux, il dispose d’une armée de partisans « prête à faire taire toutes les critiques à l’égard du président ».
Même les révélations concernant les négociations réalisées entre le gouvernement et les gangs n’ont pas atteint la popularité du président qui continue d’adopter un discours punitif à l’égard des « pandillas ». Selon une chercheuse qui s’exprime dans Folha de Sao Paulo, Bukele parle de moins en moins des préoccupations de la population et adopte un discours, dans lequel les gangs jouent un rôle très important. En fait, conclut la chercheuse, « en Amérique centrale, parler des gangs et répandre la peur dans la société permet de gagner des élections et de maintenir sa popularité. »
Journées de tension en Haïti
En Haïti, les journées qui viennent s’annoncent tendues. De nombreuses manifestations sont prévues pour demander le départ du Premier ministre Ariel Henry. Ariel Henry s’était engagé dans un accord de décembre 2022 à quitter le pouvoir le 7 février 2024, donc mercredi prochain. Plusieurs partis politiques et syndicats se mobilisent pour lui rappeler sa promesse, écrit Radio Télé Métronome sur X. En ce début de semaine, les écoles et l’administration publique resteront fermées dans la plupart des villes du pays comme Cayes, Gonaïves, Jérémie, Miragoâne, Hinche, ou Petit-Goâve. Déjà hier, à Port-au-Prince, des centaines de sympathisants du parti politique Pitit Desalin ont gagné les rues de Port-au-Prince pour exiger le départ du Premier ministre Ariel Henry, peut-on lire sur le site de Gazette Haïti.